Il existe un besoin et une volonté de
changement au Cameroun. Nous sommes tous d’accord sur ce point. Les experts
reconnaissent la fait que la majorité du peuple Camerounais vit dans
l'incertitude et dans la pauvreté, alors que la minorité sans scrupule de la
clique, qui constitue l'oligarchie actuelle, vit dans la richesse et dans
l'arrogance. Cette minorité criminelle a détourné notre prospérité, notre
avenir et notre dignité. Leur richesse, qui a été rendu corrosif par la
corruption, le népotisme, l'ethnocentrisme, le régionalisme et le gaspillage,
les a rendus aveugles au point où ils sont complètement indifférents au sort de
la majorité des Camerounais qui vivent dans la pauvreté et dans la privation.
Le régime de Biya est indifférent au fait que il y a des millions de
Camerounais qui meurent de faim, qu’ils sont mal vêtus, qu’ils sont exclus d’un
système efficace d’assainissement et de soins médicaux, et qu’ils ne peuvent
avoir la possibilité de trouver un emploi. Le régime de Biya et ses
collaborateurs qui constituent le système imposé par la France au Cameroun
depuis 1958 ne sont pas gênés par le fait que les enfants Camerounais, qui sont
l’atout majeur de ce pays, sont privés de leur droit à l’éducation et à la
formation. Le régime de Biya est même arrogant dans sa mauvaise gestion en nous
refusant nos droits humains fondamentaux, notre liberté et le droit de choisir.
Il est même clair que cette oligarchie est résolue à nous refuser l'accès à nos
propres cerveaux. Ils s'attendent à ce que nous restions dociles ou muets,
comme des nuls. Les torts du régime de Biya sont inépuisables et ne peuvent
être justifiés. Les vrais exposants du changement sont ceux qui rejettent tout
ce qui tolère l'exploitation et l'oppression d'un homme par un autre et
associent l'exploiteur et l'oppresseur avec le mot justifiable «FAUX».
Dans la lutte contre les auteurs de
l'injustice, nous avons raison. Cependant, avoir raison ou être conscient de ce
qui est juste et ne pas assurer la réalisation de ce qui est juste est un tort
en soi. Nous devons savoir que la tâche à laquelle nous sommes confrontés
aujourd’hui est de vaincre le mal (le système imposé par la France ) et de
réaliser le droit (Le Cameroun Nouveau à travers l’idéal Camerounais incarné
dans son union-nationalisme). La tâche qui consiste à vaincre le mal est
tellement colossale que beaucoup d’entre nous sont divisés sur l’approche à
adopter et sur l’ampleur du chemin à parcourir. Au fil des ans, chaque fois que
les exposants du changement pensent ou essayent d'agir en faisant quelque chose
pour remédier à notre situation critique, la question de savoir jusqu'où on
peut aller dans la correction, le démantèlement et la construction revient
toujours à nous diviser. Cette division est d’autant plus décourageante et
déroutante en raison des divers degrés de notre engagement à changer. Les
raisons pour laquelle nous devrions être hantés par ces divisions alors que
nous sommes confrontés par les torts angoissant du système anachronique imposé
par la France est quelque chose que peu de mortels peuvent justifier.
Cependant, nous pouvons clairement discerner les forces divisées:
1) Les premiers dans la
catégorisation sont les ignorants, les indifférents, les sceptiques et les
cyniques:
·
Les ignorants qui constituent
heureusement une petite minorité de la population Camerounaise sont ceux qui ne
savent malheureusement pas ce qui leur revient de droit (leur liberté, leur
dignité et leur part des richesses du Cameroun) en tant que citoyens de
l'État-nation. C'est en raison de leur ignorance qu'ils vantent les gardiens de
ce système pour l'assistance distribué à eux, sans se rendre compte que ce
qu'ils obtiennent est à juste titre le leur que le régime de Biya et le système
en général leur ont volé. Si nous faisons comprendre à ces ignorants que leur
état pathétique, qu'ils abhorrent eux-mêmes, relève de la responsabilité du
système, nous pourrons être rassurés, ou nous pouvons même nous vanter d'avoir
gagné de puissants convertis. Expliquez-leur les objectifs de la lutte et les
phases turbulentes qu'elle a traversées et nous serons certains d'avoir formé
les soldats les plus fiables pour la cause. Ces ignorants sont conscients du
fait que la charité du régime de Biya ne peut pas atténuer leur misère.
·
Les indifférents sont des gens
conscients de la situation critique des Camerounais, mais parce qu’ils sont peu
sûrs, ils sont dans des positions confortables, ou parce qu’ils ont perdu
l'espoir d'un avenir meilleur et sont las de la lutte, ils ont choisi de fermer
les yeux, de se boucher les oreilles et de mettre leur nez dans leur poches. En
bref, ils refusent de voir ou de comprendre le mal. Ce dont ils ont besoin,
c'est d'un esprit frais et d'un engagement fort. Et d'une certaine manière, ils
peuvent être transformés en atouts remarquables pour le changement. En bref,
ils refusent de voir ou de comprendre le mal. Ce dont ils ont besoin, c'est
d'un esprit frais et d'un engagement fort. Et d'une certaine manière, ils
peuvent être transformés en atouts remarquables pour le changement.
·
On peut dire que les sceptiques et les
cyniques veulent le changement du système, mais doutent ou se méfient du
changement auquel aspirent la majorité des Camerounais. Cela peut être dû à
leur attachement rigide à des concepts obsolètes, à des liens, à des rêves
futiles ou en cause de leur regrettes de ne pas être les piliers de la lutte.
Ils constituent peut-être la force de ralentissement la plus forte en dehors du
système.
2) Les libéraux et les modérés
constituent la deuxième force futile ou moins engagée dans la lutte pour le
changement:
·
Les libéraux acceptent le fait que le
système imposé par la France est anachronique et impraticable, et qu'il devrait
être changé. Cependant, ils ne peuvent pas proposer une approche réaliste pour
changer le système et un système alternatif pour le remplacer. C’est en raison
de leur désespoir et de la peur de toute action qui devrait changer un mauvais
système qu’ils s’engageraient dans des actions qui ne sont pas sanctionnables
ou des actions qui sont basées sur une rhétorique conciliatrice qui servirait au
contraire les intérêts du système et non ceux de la lutte. Lorsque leur
rhétorique devient indéfendable, à un moment où les véritables exposants du
changement ont leur dos au mur dans le coin serré de l'oppression, de la
répression, de l'extorsion et de la privation, et ne voient aucune autre option
de soulagement que la voie de la libération (protestation et résistance), notre
libéral dans ses manières trompeuses se retire, ce qui revient essentiellement
à céder au pouvoir oppressif du système. Cependant, le libéral continuerait à
parler du mal, à s’agoniser à cause de cela, tout en restant réticent à le
combattre car, dans son esprit mineur, le prix à payer pour confronter le
système imposé par la France au Cameroun pourrait entraîner plus de misère que la
situation actuelle. Cependant, les libéraux ne comprennent pas que, si la
misère est le prix a payer, elle serait temporaire et elle mettrait fin à
l'oppression. Non seulement ça, ça libérerait les émotions, les esprits, les
idées et les avoirs, qui sont tous de forces démocratiques et de développement,
qui assurerait la prospérité et la sécurité pour la population. Il suffit de
regarder Bello Bouba Maigari, le dirigeant de l'Union Nationale pour la
Démocratie et le Progrès (UNDP), pour comprendre de quoi je parle. Les homologues des libéraux sont les
modérés.
·
Les modérés parlent et travaillent
également pour le changement venant de la lutte, même s'ils ne prévoient pas de
changement fondamental du système. C'est en raison de leur désir de changement
partiel du système qu'ils se sont détachés de la réalité Camerounaise actuelle
et ont adopté une notion utopique de conciliation qui ne promet rien pour le
peuple Camerounais. Adamou Ndam Njoya, de l'Union démocratique Camerounaise
(CDU), est un bon exemple.
Malheureusement pour nous dans la
lutte Camerounaise, ces libéraux et modérés constituent une force puissante du
côté des exposants du changement et attirent facilement le soutien de ceux qui
ne possèdent ni le zèle révolutionnaire et ni la compréhension de la lutte pour
le Cameroun Nouveau dont le principe fondamental est le union-nationalisme
Camerounais, la forme de nationalisme-civique du pays qui constitue une forme
avancée de patriotisme inclusif. La plus grande déception à propos de ces
libéraux et ces modérés est qu'ils se vantent de leur attachement à la sobriété
et à la réalité Camerounaise, qui pour eux est dépourvue de rêve. Mais notre
lutte n’est fondamentalement que pour la réalisation de notre rêve d’une
véritable indépendance (unité, prospérité, liberté, confiance en soi et une
place égale dans la communauté des nations). Cette véritable indépendance
aboutirait à une interdépendance avec les autres.
groupes et nations progressistes en
tant qu'extension de notre fraternité.
3) La troisième force est composée de
personnes «confondues» et «unilatérales» qui luttent avec ferveur pour des
causes qui n'abordent pas le problème général Camerounais, mais seulement la
situation critique d'un groupe ethnique, d'une conviction religieuse, d'une
région ou d'une entité linguistique. Le fait qu’ils sont profondément attachés
à leur conviction de la justice de leur cause et le fait qu’ils considèrent
tous ceux qui ne sont pas complètement derrière eux comme leurs ennemis, cette
force de changement des confus et des unilatéralistes (dont les exigences
appellent à la partialité face à l’idéal du Cameroun Nouveau), non seulement
s'aliéner leurs alliés potentiels pour le changement, mais aussi les objectifs
généraux de la lutte Camerounaise qui englobe leur sort. Et d’une manière
curieuse, sans qu’ils le sachent vraiment, ils freinent le vent du changement
en raison de leurs directions et de leurs actions de division.
Malheureusement pour le rêve
Camerounais et la lutte, les véritables exposants du changement, c’est-à-dire
ceux qui souhaitent un changement fondamental du système, ne sont pas
pleinement organisés. Mais leurs représentants qui ont maîtrisé parfaitement
les revendications de l'union-nationalisme Camerounais peuvent mobiliser le soutien
des ignorants, des indifférents, des sceptiques et des cyniques, des libéraux
et des modérés, et même des confus et des unilatéralistes, afin de le peuple
Camerounais le véritable sens du but et de la direction qui a échappé à tant de
gens au fil des ans. Ce serait le moment où nous serions capables de nous
débarrasser de la mentalité créée par le système imposé par la France . Avec
cette mesure prise, les Camerounais passeraient de cette phase de seulement
avoir un désir de changement à la phase de travailler pour le changement et de
le réaliser. Une telle perspective n’est possible que lorsque nous avons mis de
côté nos désespoirs et nos suspicions injustifiées. Ensuite, nous commencerons
à nous épanouir avec la joie et l’exaltation que le rêve Camerounais original
tient. Main dans la main, les Camerounais, en tant que union-nationalistes
convaincus, crieront un «Non» fort au système, lui donneront la dernière
poussée pour assurer son effondrement et son enterrement, puis veilleront à ce
que le corps puant du système imposé par la France , qui est représenté
aujourd'hui par le régime de Biya, ne se lève plus jamais pour hanter le
nouveau système Camerounais humanisé, conçu de manière réaliste depuis 1910.
23 Mars 1995 Tchouteu Janvier
Janvier Tchouteu, auteur de
Le Cameroun: Le Cœur Hanté de l’Afrique (French Edition)
French Edition | by Janvier Tchouteu and Janvier T. Chando
No comments:
Post a Comment